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La croissance est dans les bouches de tous les dirigeants du G8. Elle est aujourd’hui présentée comme la solution à tous les maux économiques. Qu’en est-il vraiment ? Peut-on encore croire au redressement de l’économie et à la réduction de la dette publique ? Réponses dans ce dossier consacré à la croissance en France.

Les chiffres catastrophiques de la croissance

En France, la croissance annuelle peine à dépasser la barre des 2%. En 2011, le produit intérieur brut (PIB) a laborieusement progressé de 1,7%. Un très léger mieux par rapport à 2010 (+1,5%), qui suivait une année 2009 aux chiffres désastreux (-2,7%).

Le détail trimestriel n’est pas plus glorieux : 0 % au 2nd trimestre 2011, 0,3% au 3ème trimestre 2011, 0,1% au 4ème trimestre 2001. Le 1ier trimestre 2012 a vu une nouvelle baisse de sa croissance, avec une croissance nulle. (Source Insee et OCDE)

Une bonne croissance, c’est quoi ?

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C’est bien sûr une croissance positive, au moins supérieure à 1 ou 2%. Les derniers chiffres de prévisions de croissance pour 2012 sont tombés : 0,6% de croissance, a annoncé l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). C’est plus que les précédentes prévisions (0,3% annoncé en novembre 2011 pour l’année 2012), mais c’est peu comparé aux prévisions de croissance mondiale, estimées à 3,4% pour 2012.

Une bonne croissance, c’est aussi une croissance qui répond aux minimas établis par l’Europe. Car pour appartenir à l’Union économique et monétaire européenne, un pays doit respecter les critères fixés par le traité de Maastricht. Cela implique un déficit  public annuel inférieur à 3% du PIB et une dette publique inférieure à 60% du PIB. La France, avec sa faible croissance et son endettement grandissant, ne respecte plus ces critères depuis 2007…

Comment relancer la croissance ?

Comment relancer cette croissance si chère aux gouvernements, qui est présentée aujourd’hui comme la solution à tous les maux et notamment à celui de la dette souveraine ? En théorie, la croissance peut provenir de trois sources. La première : la croissance de la population, qui entraîne naturellement une augmentation de la demande de biens de consommation. Si les chiffres en France sont positifs (Source Insee), c’est un trop léger coup de pouce pour la croissance.

La seconde source possible de croissance est le progrès technique. Moteurs de l’innovation et de gains de productivité, les progrès techniques favorisent la demande de biens d’équipement et par conséquence, la croissance. C’est la raison pour laquelle les budgets alloués à l’Education et la Recherche et aux infrastructures pèsent si lourd dans les dépenses, afin de mieux bénéficier de leurs retombées.

Avec la consommation des ménages et l’investissement, une troisième composante entre en jeu dans un contexte d’ouverture des frontières économiques et d’échanges européens et internationaux : le commerce extérieur.

La croissance est dans toutes les bouches

Lors du G8 à Camp David, les 19 et 20 mai 2012, les présidents présents n’ont eu cesse de parler de croissance. Mais derrière ce terme générique, les points de vue et les objectifs divergent… Ce qui fait la croissance des uns ne fait pas la croissance des autres !

Côté gouvernement français, la croissance est aujourd’hui considérée comme une priorité, ne serait-ce que pour épargner le moral des français, qui ne résisterait pas à des plans d’austérité. Il n’y a qu’à voir les réactions, compréhensibles, des Grecs face aux mesures d’austérité imposées par leur gouvernement…

Que propose François Hollande pour favoriser la croissance ? Principalement des solutions au niveau européen : une Banque européenne d’investissement, des fonds structurels, des project bonds, des eurobonds. De bien louables ambitions, mais qui requièrent l’accord de tous les pays membres et du temps pour être mises en place, un temps que la Grèce criblée de dettes et assaillie par ses créanciers ne peut s’offrir.

De l’autre côté de l’Atlantique, Barack Obama a apporté son soutien à cette croissance tant convoitée par le gouvernement français. Les Etats-Unis verraient en effet d’un très bon œil une relance économique européenne, qui favoriserait leurs exportations. Pour parvenir à la croissance, Barack Obama suggère à l’Europe de s’endetter massivement, via des plans de sauvetage au niveau européen à hauteur de deux à trois mille milliards d’euros. De tels plans de sauvetage seraient tout à l’avantage de l’économie américaine, mais à quel prix pour l’Europe !

Bref, si tous les gouvernements présents lors du G8 s’entendent à dire que la croissance est une priorité pour sortir de la crise, tous ne la voient pas du même œil. D’ailleurs, aucune d’initiative commune n’a émergé du G8.

Pourquoi la croissance est une utopie

Souvenez-vous, il y a à peine deux ans, la croissance était déjà dans toutes les bouches. Prime à la casse pour les achats de véhicules neufs, soutien à l’achat immobilier, aides aux plus défavorisés, etc. tout était fait pour relancer la consommation et la croissance. Peine perdue…

Puis, ce fut le tour de l’austérité. Il y a un mois seulement, les gouvernements ne juraient que par la sainte austérité pour se relever de la crise économique et sortir de l’endettement massif. Pas question à ce moment de croissance ! Seule l’austérité permettait d’entrevoir une mince porte de sortie, nous disait-on. Résultats ? Le compteur de la dette ne cesse de tourner.

Aujourd’hui, énième changement stratégique : les gouvernements nous resservent de la croissance à toutes les sauces. Seulement, nous ne sommes plus crédules, la croissance n’est pas la solution que les pontes économistes et politiques veulent bien nous servir. Les marchés risquent toujours de s’effondrer, la dette de flamber et notre épargne de fondre comme neige au soleil, si elle n’est pas constituée de valeurs refuges tangibles tel que l’or physique.

La croissance est belle et bien une utopie, dans un monde où la rareté devient la règle. Les ressources naturelles ne sont pas infinies, la croissance non plus. Il est temps de créer un nouveau modèle économique qui prenne en compte cet état de fait.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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